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« Un train peut en cacher un autre »

Rencontre avec Arnaud Rykner, auteur du Wagon

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                               « Ce n’est pas un livre d’histoire.

                                  L’Histoire est bien pire.

                                  Irréelle.

                                 Ceci est un roman » Le Wagon A. Rykner

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Juillet 1944. Le convoi 7 0909 part de Compiègne pour Dachau. 

Dans ce train de la mort, un jeune homme de 22 ans raconte l’horreur –s’ il est possible de la raconter- de deux mille cent soixante-six personnes entassées par cent dans des wagons prévus pour quarante hommes. 

Ce roman retrace trois jours durant lesquels l’inhumanité s’est emparée du monde.

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        Dans ce train, un parmi une multitude parti pour les camps de concentrations, des milliers d’hommes n’avaient même pas la place de se tenir debout et pour se reposer un peu, ils devaient alterner leur position. Pour les uns c’est une lutte désespérée pour la survie ; pour d’autre un abandon à une impitoyable fatalité où la mort immédiate est  espérée comme une libération. « Que vont-ils faire de nous ? Que peuvent-ils faire de nous ? Rien à en tirer. Nous ne servons à rien. Nous ne sommes plus rien. Des fantômes. Déjà, nous nous effaçons. Déjà nous ne sommes plus là »Le wagon, A. Rykner

Le livre d’Arnaud Rykner raconte cet enfer où la dignité humaine la plus élémentaire est bafouée.

 

Lors d’une de ses conférences, il pose la cruciale et délicate question de sa légitimité à se porter témoin, de son droit à l’écriture sur un événement historique aussi tragique, vécu par un membre de sa famille.

L’auteur insiste sur les questionnements qui lui sont venus au cours de son écriture. Peut-il parler à la place son aïeul et de tous ceux qui ont vécu la déportation, les camps, la faim, la peur ; alors même que ceux qui en sont revenus se sont tus ? Peut-il écrire sur ce silence ? Mais comment ne pas en parler ? L’auteur considère qu’écrire est un impératif moral.

Il ajoute que dans 10 ans, il n’y aura plus de témoins. La littérature est l’un de vecteurs de la connaissance, un outil de témoignage. « […] écrire sur ça, parce qu’écrire m’était depuis longtemps une nécessité […] en même temps j’ai toujours su qu’écrire sur ça m’était interdit. Que je n’en avais pas le droit. Et que je le ferai quand même». Avant-propos, Le Wagon. A Rykner.

Nécessité et interdit : Deux mots forts de la conférence et du roman D’Arnaud Rykner. Deux mots qui se contredisent et se complètent. Pour l’auteur, son travail d’écriture correspond à un devoir de vérité qui s’appuie sur des témoignages et une documentation d’historien très fournie. Et pourtant peut-on réellement se glisser dans la peau d’un personnage qui a vécu l’inimaginable ? Dans l’écriture de la vérité, l’imagination a sa place.

 

Le Wagon bouleverse au-delà du temps de la lecture.  D’emblée jeté dans ce wagon, le lecteur est pris à la gorge par la violence de la situation. Dès les premières pages il souffre de claustrophobie. Pour quel crime sont-ils là ? Une rage vaine s’empare du lecteur et ne le quitte plus.

L’intervention d’Arnaud Rykner a fait prendre conscience de la difficulté à mettre des mots sur un passé si douloureux.

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© ARTICLE RÉDIGÉ ET MIS EN PAGE PAR Agathe Risac.

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